Le FIS fait monter les encheres


APRES L'INVITATION AU DIALOGUE DE LA CDN
Le FIS fait monter les enchères
ZOUBIR FERROUKHI
Teintées de réserves, les premières déclarations de personnalités du FIS commencent à occuper la scène ...

Sans aucun doute, la conférence de presse de la CDN a bien amorcé un nouveau tournant, d'une part dans, 1e processus du dialogue national, {d'autre part, dans la réhabilitation de facto, même si elle se fait de façon progressive de la part du FIS dissous.

Les trois membres de la CDN, devant les caméras de la télévision algérienne, ont tous, en effet, admis explicitement la nécessité de la participation au dialogue de personnalités du FIS.
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Ces déclarations commencent à recueillir les premières réactions précisément de la part de personnalités très en vue, sinon parfaitement représentatives du FIS. Elles ne sont pas toutes concordantes, mais on retiendra dans le fond un point de convergence essentiel : la participation du FIS au dialogue ne pourrait s'effectuer qu'à travers son " madjless Echoura ", et avec évidemment ses principaux fondateurs, Abassi Madani et Ali Benhadj. Les premiers à réagir ont été six membres fondateurs du FIS, dans un communiqué publié par El Khabar et dont nous avons rapporté l'essentiel dans notre édition d'hier. Ceux-ci, rappelons-le, ont exigé l'invitation au dialogue de tous les membres du madjless Echoura, dont ceux détenus.

Dans une interview au quotidien An Nahar, l'un des six signataires de ce communiqué, M. Boukhedra vient d'affirmer de nouveau que la légalité revient avant tout au madjless Echoura, et surtout qu'aucune décision ne sera prise sans l'accord des deux tiers des membres de ce madjless. Mais en même temps, il révèle que Ali Benhadj, visité en prison par l'un des membres du madjless, aurait transmis un message oral ordonnant d'agir.

Selon An Nahar, Ali Benhadj a donné le feu vert au dialogue. Or, dans une lettre adressée à la CDN de sa prison de Tizi-Ouzou, Ali Benhadj aurait plutôt opposé une fin de non-recevoir à toute idée de dialogue avec le pouvoir. Le message a été révélé, on s'en souvient, il y a quelques semaines, par Rabah Kébir, en exil en Europe, qui a qualifié les termes de la lettre " d'énergiques " sans donner de détails. Dans tous les cas, M. Boukhedra tient à souligner : " nous ne pouvons rien entreprendre sans le consentement de Ali Benhadj ".

D'un autre côté et à Khartoum (Soudan), la délégation du FIS à la réunion de l'internationale islamiste, s'est également prononcée officiellement sur le dialogue. M. Anas, autre membre fondateur du FIS, a déclaré en effet, à un journal londonien paraissant en langue arabe Al Hayat : " je suis sceptique quant à la possibilité de l'acceptation par le pouvoir d'un véritable dialogue, car rien ne nous est parvenu, ni de l'intérieur, ni de l'extérieur, comme preuve d'un désir véritable de dialoguer ". Pour le porte-parole de la délégation du FIS présente à Khartoum, tous les contacts n'ont eu lieu qu'avec des " parties secondaires ". M. Anas ne parle pas de libération des chouyoukh, mais on peut comprendre, à la lecture de l'entretien qu'il n'exclut pas tout à fait le dialogue.

Notons que Abdallah Anas est membre de l'instance exécutive du FIS à l'étranger, constituée en septembre dernier, présidée par Rabah Kébir et comprenant également Kamar Eddine Kherbane et Anouar Haddam.

Enfin, on peut aussi rappeler que les groupes armés islamiques, surtout le GIA, ont catégoriquement rejeté toute idée de dialogue, avec ce message adressé il y a quelques jours aux autorités algériennes : " ni réconciliation, ni dialogue, ni trêve ". Cheikh Mahfoudh Nahnah, leader du mouvement Hamas, dans une interview à Liberté, a tenté — on peut l'interpréter ainsi — de pousser, lui, les groupes armés au dialogue avec le pouvoir et vice-versa. Les choses sont encore loin d'être claires. La CDN, qui ne dit mot pour l'instant, va certainement lever le voile sur tout cela dans les très prochains jours. Du moins, il faut l'espérer.

www.recherches-sur-le-terrorisme.com (Boudjoumaa Bounoua)