Disparitions forces en Algerie


Human Rights Watch favorable
à une commission indépendante d’enquête


Human Rights Watch (HRW), ONG américaine de défense des droits de l’homme, n’est pas revenue en Algérie depuis 2005.

« L’Algérie est le seul pays du Maghreb où l’accès pour nous est difficile. Le Maroc et la Tunisie ne nous demandent pas de visa. La Libye, depuis sa révolution, nous laisse entrer facilement. Il est difficile d’obtenir des visas pour l’Algérie », a déclaré Eric Goldstein, directeur adjoint du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, avant-hier, lors d’une conférence de presse à la salle Hassiba Ben Bouali, à Alger. HRW a présenté hier à la presse son nouveau rapport sur la situation des droits humains dans les camps des réfugiés sahraouis à Tindouf sous le titre « Pas sur les écrans ». Les délégués de HRW ont obtenu des visas en 2007 et en 2013 que pour visiter les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf (Sud-Ouest). « Nous souhaitons que les visas pour Human Rights Watch et pour les autres organisations des droits de l’homme soient octroyés plus régulièrement. L’accès au pays n’est pas déterminant pour nous. Nous couvrons l’Algérie à partir de l’extérieur. Même si un gouvernement nous bloque, notre devoir est d’être toujours équilibré et précis.

A Rabat, nous organisons régulièrement des conférences de presse sans aucune entrave », a soutenu le même responsable. Pour rappel, Human Rights Watch, qui est basée à New York, suit la situation des droits humains dans 90 pays et emploie 380 salariés à travers le monde. Pour les pays arabes, HRW est présente à Tunis, Rabat, Tripoli, Beyrouth et Aman. L’organisation n’est pas représentée en Algérie. Les familles des victimes des disparitions forcées étaient présentes dans la salle. En leur nom, Mme Bouabdallah a exigé que la vérité soit dite et a demandé la création d’une commission d’enquête indépendante sur ce dossier qui traîne depuis vingt ans. « Nous suivons le dossier des disparus depuis les années 1990. Il est malheureux de voir que les familles soient toujours à la recherche de leurs proches.

Nous nous sommes déjà prononcés sur la loi sur la réconciliation et la paix. Nous respectons ceux qui ont voté pour ce texte mais nous sommes contre l’impunité et pour la vérité. Les familles ont le droit de connaître la vérité. En Amérique latine, par exemple, il a fallu beaucoup de temps pour que la vérité éclate. Il y a eu des poursuites et des enquêtes sérieuses par rapport aux disparitions.

L’Etat doit reconnaître que des personnes ont été enlevées alors qu’elles n’avaient aucun rapport avec le terrorisme», a relevé M. Goldstein. La création d’une commission indépendante d’enquête sur l’affaire des disparus serait, selon lui, une façon efficace d’apporter «un peu de vérité» aux familles des disparus et d’avancer dans ce dossier. «Nous sommes contre l’idée de tourner la page», a-t-il appuyé.

Fayçal Métaoui

El Watan - Lundi 20 octobre 2014

Algerie : Question des disparitions forces


Le gouvernement algérien refuse d’autoriser les rapporteurs du comité onusien des droits de l’homme à venir en Algérie. L’information a été confirmée par la responsable de l’association SOS Disparus, Nacera Dutour. « Après plus de trois ans de négociations, l’Algérie a finalement refusé la venue du rapporteur spécial de l’ONU pour les droits de l’homme. J’étais la semaine dernière à Genève, les responsables du comité des droits de l’homme de l’ONU m’ont informée de la décision du gouvernement. Une délégation officielle les a informés que la visite en Algérie du rapporteur onusien n’est pas possible », explique-t-elle. Cette décision intervient, ajoute-t-elle, « après plusieurs années de tergiversations de la part des autorités ».

« Les responsables onusiens voulaient agir en tout liberté. Les autorités algériennes, elles, ont voulu leur poser des conditions », explique-t-elle. La venue du rapporteur spécial du comité onusien des droits de l’homme est attendue avec impatience par les familles des victimes des disparitions forcées. « Mais nous craignons que les autorités empêchent les responsables de l’ONU de rencontrer les familles des victimes des disparitions forcées, surtout celles qui refusent les indemnisations », souligne Wassila Belatreche, représentante des victimes des disparitions forcées de la wilaya de Constantine, lors d’une conférence de presse animée, hier, au siège de la LADDH à Alger.

« Notre crainte est justifiée par le fait que les autorités refusent toujours de faire la lumière sur la question des disparus. La charte pour la paix votée le 29 septembre 2005 a faussé le traitement de cette question », estime-t-elle, en citant toutes les affaires portées devant les organismes internationaux qui ont débouché sur la condamnation de l’Algérie.

« LA RÉCONCILIATION NE SE FERA PAS AVEC CE RÉGIME » Intervenant par la même occasion, le président de la LADDH, Noureddine Benissad, revient sur les différents abus relevés dans ce texte. « Le droit à la vérité et à la justice a été oublié de la charte pour la paix et la réconciliation nationale », explique-t-il. Selon lui, la réconciliation ne se fait pas avec les régimes dictatoriaux qui sont souvent responsables des crises. « Toutes les expériences à travers le monde l’ont prouvé. Que ce soit en Amérique latine ou en Afrique du Sud, la réconciliation s’est faite après la chute des régimes despotiques », lance-t-il.

Le premier responsable de la LADDH affirme, dans ce sens, que le référendum sur la charte pour la paix en Algérie était « un plébiscite et non pas une élection ». « On connaît le mode d’organisation des élections en Algérie. La fraude a toujours été au centre de l’opération électorale », indique-t-il, soulignant que l’interdiction d’évoquer la tragédie nationale introduite dans ce texte est en contradiction avec l’objectif de la réconciliation. « Le droit à la vérité et à la justice n’est pas une revanche. C’est un mécanisme permettant de savoir ce qui s’est passé à la fois pour les familles des victimes et pour tous les Algériens. C’est ainsi que les générations futures éviteront de refaire dans les mêmes erreurs », dit-il. L’autre aberration de ce texte, enchaîne-t-il, réside dans la question de la réparation.

Celle-ci, insiste-t-il, s’est faite également avec des abus. « Il fallait reconnaître au moins les associations de victimes des disparitions forcées. Mais la vérité finira par éclater un jour », souligne-t-il.

Madjid Makedhi
El Watan - Mercredi 1er octobre 2014

Bentalha Massacre 10 ans apres