Bachir Fkih, l'homme qui a destabilise le FIS


Le cheikh Bachir F'Kih, membre fondateur du Front islamique du Salut (FIS) en dissidence depuis les évènéments de juin 1991, est décédé dans la nuit de jeudi à vendredi à l'hôpital militaire de Aïn-Naâdja à Alger. Agé de trente-cinq ans, Bachir F'kih, ingénieur agronome de formation, était dans le coma depuis plus de quatre mois à la suite d'un accident de la circulation sur la route Bel-Abbès - Oran, au cours duquel il a été gravement touché à la colonne vertébrale. Transporté d'abord à l'hôpital d'Oran, Bachir F'Kih a été ensuite dirigé vers Alger sans avoir jamais repris connaissance.

Membre de l'instance suprême du FIS, le Majliss Echoura, M. Bachir F'Kih a été parmi les trois principaux opposants du président du mouvement, M. Abassi Madani, à le dénoncer publiquement, à la télévision au cours d'une émission-surprise, peu avant l'arrestation de ce dernier le 30 juin 1991 au cours des événements qui avaient suivi la grève générale déclenchée par le FIS. Bachir F'Kih avait, en compagnie de Merani, l'ex-responsable des affaires sociales, et le cheikh Sahnouni, considéré comme le tenant de la ligne alors, fustigé Abassi Madani, se démarquant de son action et l'accusant d'être " un danger pour l'Islam ".

M. F'Kih avait été à ce titre, exclu du FIS et aurait reçu de nombreuses menaces de mort. Les conditions dans lesquelles s'est déroulé l'accident n'ont toujours pas été éclaircies ...

Sorti de l'anonymat par sa démarche à contre-courant des actions du leader du FIS, M. FKih avait été pourtant, l'un des plus actifs membres du Majliss Echoura.

Il était toujours aux côtes de Abassi Madani lors des grandes marches organisées par le FIS, à travers les artères de la capitale.

Ses dernières apparitions publiques remontent à août 1991, lors de la rencontre gouvernement - partis politiques, à laquelle il avait été convié à titre individuel, après que le FIS l'eut boycottée.

Il avait annoncé alors qu'il s'apprêtait à reprendre en main le FIS, et avait stigmatisé les déclarations et prises de position en faveur de la libération des chefs du Front, Abassi Madani et Ali Benhadj.

Abderrahmane Hayane