Le FIS préparait des actions armées avant le putsch des generaux


Invité en tant qu’écrivain par la librairie Frantz-Fanon de TiziOuzou, hier, Ali Haroun s’est inévitablement mué en un orateur témoin et acteur de premier plan pour s’adresser à un auditoire composé de beaucoup de jeunes n’ayant pas vécu les douloureux événements de la décennie noire, comme l’illustraient d’ailleurs certaines questions lorsqu’arrivait le moment dédié aux questions-réponses.

Avant cet habituel exercice que constitue le débat, Ali Haroun s’est permis, de temps à autre, d’asséner ses vérités autant que ses propres convictions sur l’interruption du processus électoral de la fin 1991 et de ce qui en a résulté, mais pour l’essentiel de sa conférence, il s’est contenté de rappeler les événements de l’époque de façon aussi précise que pouvait le lui permettre sa mémoire. Ainsi, des élections locales de 1990 à la fin de la législature de l’APN de la fin décembre 1991, et du vide constitutionnel induit par la démission du Président Chadli, acte non prévu par la loi fondamentale du pays à ce moment, Ali Haroun a déroulé le film des événements des années de feu et de sang sans vouloir «dédouaner» ni jeter l’anathème sur quiconque, même si une de ses affirmations a fait sursauter plus d’un dans la salle, lorsqu’il fit état de préparatifs à une action armée par des islamistes déjà avant l’interruption du processus électoral.

Ce qu’un de ces nouveaux avocats de l’ex-FIS, un jeune n’ayant pas la trentaine, ne voulait pas (ou feignait) croire. Aussi précis que possible, l’ex-membre du Haut Comité d’Etat s’est également fendu d’une sorte de mise au point lorsque lui était posée la question relative aux camps du Sud et des « déportations », et du sentiment du Président Boudiaf sur ce sujet précisément. Une question, voire un reproche, qu’il n’a pas fuie pour asséner sans état d’âme que l’Algérie n’avait rien inventé en agissant de la sorte.

« Un décret a été promulgué le 9 février 1992 pour surveiller des personnes susceptibles de fomenter des troubles. Ce n’était pas une condamnation, ce texte avait valeur de mesure préventive et était inspiré de textes issus des démocraties occidentales » rétorqua Ali Haroun, non sans assurer que le décret algérien était beaucoup moins contraignant que les textes traitant de la même question en France, aux Etats-Unis ou dans d’autres démocraties.

Une mise au point qui s’imposait de toute évidence, même s’il va falloir attendre encore des années pour connaître le fin mot de l’Histoire et de certains faits toujours aussi douloureux, à l’instar des tenants et des aboutissants de l’assassinat du Président Boudiaf.

M. Azedine
Le Soir d'Algerie
Dimanche 25 janvier 2015