Said Guechi et Sassi Lamouri (Les Traîtres du FIS)


Deux ministres proches de la mouvance islamiste sortent de leur réserve

SAID GUECHI

" Ma nomination n'est ni un piège, ni un test "

Le ministre de la Formation professionnelle et de l'Emploi, M. Saïd Guechi, a déclaré mardi qu " il n'entreprendra pas d'initiatives personnelles pour une quelconque médiation entre le pouvoir et les partis islamiques ", estimant toutefois que " si le Haut Comité d'Etat (HCE) ou le gouvernement jugent nécessaire une telle opportunité pour rétablir la paix civile et la stabilité, je ne peux le refuser, dans l'intérêt du pays ".

SASSI LAMOURI

" Je n'appartiens à aucun parti "

Le ministre des Affaires religieuses, M. Sassi Lamouri, qui a déclaré mardi n'appartenir à aucun parti politique, a réaffirmé la volonté du gouvernement " de tenir les lieux de culte loin des luttes partisanes " en " réhabilitant la fonction de l'Imam ".



Dans un entretien à l'APS, M. Guechi a indiqué que " pour l'heure la priorité est de trouver des solutions aux problèmes de chômage, d'emploi et de formation ".

A propos des raisons qui sont présidé à son choix au sein de la nouvelle équipe gouvernementale, M. Guechi considère que " la mission qui lui a été confiée ne constitue ni un piège ni un exercice destiné à tester la compétence des islamistes " dans la gestion d'un dossier aussi complexe " que celui de l’emploi. C'est plutôt, " mon expérience et mon militantisme lui ont déterminé ce choix " a-t-il estimé.

M. Guechi dit avoir accepté d'être à la tète de ce secteur " après avoir été contacté par M. Ghozali trois jours avant la formation du gouvernement ". Après consultations de " certains moudjahidine ainsi que des compagnons (emprisonnés en même temps que moi dans l'affaire Bouali et au regard des circonstances difficiles que vit le pays, j'ai accepté d'assumer cette tâche en ayant le sentiment d'avoir à gérer une lourde responsabilité ".

Au sujet des critiques qu'il avait portées contre le régime devant les cadres du ministre, à l'occasion de son installation, M. Guechi a soutenu que " les hommes qui ont eu à gérer le pays, depuis l'indépendance jusqu'à juin 1991, l'ont fait en l'absence de tout programme politique, économique, social et culturel ". Leur action tendait beaucoup plus à " renforcer le pouvoir que l'Etat en tant qu'institution au service du peuple ".

Sur les actions envisagées par son ministère, M. Guechi a indiqué que des groupes de réflexion et de proposition spécialisés ont été installés pour enrichir le programme du gouvernement en matière d'emploi. Ces groupes, a ajouté M. Guechi, sont déjà à l'œuvre et travaillent sur les grands axes définis par le gouvernement à cet effet pour assurer un " grand nombre d'emplois dans des délais raisonnables ".

APS


M. Lamouri a rappelé, dans une déclaration à l'APS, que la mosquée doit être un lieu " de culte, de tolérance, de paix et de rayonnement " où les luttes partisanes doivent cesser de s'exprimer afin d'éviter la " fitna ". Selon le ministre des Affaires religieuses, en interdisant au Front Islamique du Salut (FIS) l'utilisation des mosquées à des fins partisanes, les autorités ont mis fin à la pratique d'un discours religieux qui " s'éloigne de la philosophie de l'Islam, prône la division de la société et appelle à la fitna ". M. Lamouri a enchaîné en précisant toutefois que, " toute politique basée sur un discours constructif, unificateur et sensé est la bienvenue ".

Pour rétablir le rôle de la mosquée, le ministère des Affaires religieuses prévoit, a indiqué le ministre, la désignation des imams parmi les fonctionnaires de l'Etat, même s'ils ont le droit de militer dans le parti de leur choix, sur les critères " de compétence et d'intégrité ". Ces critères, a-t-il précisé, seront appréciés par une commission de docteurs de la foi qui reste à mettre en place.

" Il n'est plus question de permettre à tout venant de remplir la noble mission d'imam ", a-t-il souligné précisant qu'il faudra doter environ 40% des 9073 mosquées de nouveaux prêcheurs auxquels l'Etat doit assurer le logement à proximité des lieux de culte pour qu'ils y soient présents en permanence.

Tout en précisant que l'interdiction de la pratique de la prière aux abords des mosquées est temporaire, M. Lamouri a souligné que les mosquées sont en nombre suffisant en Algérie pour permettre à tous les fidèles de prier à l'intérieur même de ces lieux de culte.

M. Lamouri a d'autre part indiqué que son ministère allait " s'occuper " des mosquées dont les travaux de construction ne sont pas achevés.

A une question sur son appartenance politique, M. Lamouri a affirmé n'appartenir à aucun parti. " Je n'appartiens à aucun des partis car ce serait une faiblesse et l'Islam est une force et non un courant politique ", a-t-il-dit. APS

Jeudi 27 février 1992