Pasqua : il n'y a pas de raison pour que le FIS prenne le pouvoir


Le ministre français de l'Intérieur, M. Charles Pasqua, a affirmé qu'il était « hors de question » que la France accepte « un déferlement de personnes venant d'Algérie » à la suite de l'aggravation de la situation dans ce pays.

Dans un entretien publié lundi par le quotidien parisien Le Figaro, M. Pasqua a estimé que, pour le moment, on ne peut pas parler de départs massifs d'Algériens vers la France. « Nous sommes passés de 104 demandes de droit d'asile en 1992 à un peu plus de 1 000 l'année dernière », a-t-il précisé. Pour M. Pasqua, « il n'y a pas de raison que le Front islamique de salut (FIS) prenne le pouvoir en Algérie. La France souhaite que l'Algérie trouve les moyens économiques et politiques de résoudre ses problèmes. Cela passe par des discussions entre le pouvoir et ses opposants actuels. Cela dit, il est hors de question que nous acceptions un déferlement de personnes venant d'Algérie ».

« Nous accepterions évidemment ceux qui ont !a nationalité française. Les binationaux auront à justifier de leur qualité », a-t-il ajouté.

Evoquant la décision d'un tribunal de Lyon (Centre-Est) d'ordonner le retour en France de deux jeunes Algériens expulsés sur décision du ministère de l'Intérieur après leur interpellation au cours d'incidents à l'occasion d'une manifestation, M. Pasqua a dénoncé « une dérive » des magistrats français.

« Cela n'est pas acceptable. La loi doit s'imposer à tous. Les magistrats ne sont pas là pour faire la loi, ils sont là pour l'appliquer et la faire respecter », a-t-il dit. Il a annoncé qu'il avait demandé à son collègue de la Justice « de donner des instructions précises aux magistrats afin que la loi soit respectée. « Il n'y a rien de plus irritant pour les forces de police et pour la population que de constater que la loi n'est pas appliquée », a-t-il estimé.

M. Pasqua a souligné par ailleurs qu'avec les dernières lois sur l'immigration, notamment en ce qui concerne la répression de l'immigration clandestine, la France dispose désormais « des moyens matériels et juridiques - notamment de zones de rétention administratives et judiciaires - nécessaires pour dissuader les étrangers ».

Toutefois, il a reconnu que le cas de huit clandestins africains découverts sur un cargo à Dunkerque (Nord) - d'abord interpellés, puis placés dans un hôtel avant d'être « enlevés » par des défenseurs des Droits de l'Homme et finalement admis provisoirement sur le territoire français - a révélé « une faille législative ». « Cette lacune » devra être « comblée » par un nouveau texte déposé au cours de l'actuelle session parlementaire, a-t-il,conclu.