CNOT : Bouteflika ne doit ni reconcilier ni amnistier


Au cours d'une assemblée générale qui a réuni jeudi dernier ses principaux animateurs, le CNOT ( Comité national contre l'oubli et la trahison ) entend réagir contre les projets " de réconciliation " et " d'amnistie " que prône Abdelaziz Bouteflika. C'est en effet pour contester les orientations politiques qu'aura développé au cours de sa campagne électorale le nouveau président que le comité s'engage à se mobiliser autour de plusieurs axes. " Dans l'ultime objectif de faire admettre la reconnaissance du crime contre l'humanité opéré par le parti dissous et la reconnaissance morale des victimes du terrorisme ", il a été, retenu des actions symboliques, des commémorations et la soumission aux instances internationales d'un projet juridique portant " reconnaissance de la guerre qu'ont subie les familles victimes du terrorisme ". Sur le plan interne, le CNOT envisage, par ailleurs, des actions publiques. Après l'adoption de ces principaux points, les membres présents à l'A.G. ont convenu de l' " installation d'un groupe de travail ". Sa première tâche sera de faire parvenir au Président une lettre de refus " d'amnistie et de réconciliation ". Dès demain en parallèle il est prévu l'organisation de journées commémoratives dont celle consacrant la Journée mondiale de la presse. Dans cette perspective il a été proposé la création de la " fondation Tahar Djaout " qui sera habilitée à défendre les intérêts moraux et matériels des victimes journalistes et de leurs familles. Animée par Djamil Benrabah, membre de Djazaïrouna, l'assemblée générale à laquelle participait une trentaine de personnes, se sera livrée à une évolution sociale. Le CNOT considère en effet que " les décrets exécutifs d'indemnisation " adoptés après " l'annulation du décret sur la tragédie nationale peuvent être remis en cause par Abdelaziz Bouteflika ". Pour contrer cette éventualité, le CNOT promet par ailleurs la création " d'un fonds d'aide aux familles victimes ". C'est par tous ces rappels et arguments que les personnes présentes ont jugé être doublement mobilisées, à l'image " des patriotes non payés depuis des mois " qui ont constitué à eux seuls un long moment de discussion. " Nous devons dissuader Abdelaziz Bouteflika de concrétiser la réconciliation ", ont en effet convenu les membres présents tout en affirmant qu'ils comptent bien faire admettre que " les victimes ne se tairont pas ". Quant aux positions de Nahda et du MSP appelant à la paix, elles ont été jugées " comme des encouragements aux barbares ". " C'est quoi la paix ? ", se sont en effet questionnes les membres du CNOT, qui a procédé aux cours de ces dernier mois à l'installation de comités de wilaya, a-t-on appris par ailleurs. " Nos parents ne sont pas morts suite à un accident, ils ont été victimes de crimes et d'assassinats ", ont à plusieurs reprises répété les animateurs.

Par Dalila Habib
L'Authentique vendredi - samedi 24 avril 1999