Sid Ahmed Ghozali : on a legitime le crime contre l'humanite


C'est un réquisitoire sans ambages que la numéro un du Front démocratique (FD), M. Sid Ahmed Ghozali, a donné à Oran sur la situation actuelle de l'Algérie.

De prime abord, Sid Ahmed Ghozali fustigera les dernières décisions prises par le Président Bouteflika, tout en affirmant que « la solution du terrorisme n'est pas de réduire le nombre de terroristes dans les maquis, alors que la société en produit toujours autant ». Sur sa même lancée, il qualifie la « grâce amnistiante » décrétée par Bouteflika de « légalisation d'une cause illégitime » ou plus d'« un crime contre l'humanité ». Il conclura que « l'Algérie ne sera plus jamais comme avant ». Selon M. Ghozali, le terrorisme n'est pas l'affaire des services de sécurité, mais de toute la société, tout en mettant l'accent sur l'urgence de rétablir les liens entre l'Etat et le citoyen, qui, à force d'être méprisé, a fini par mépriser l'Etat et ses symboles.

L'intervenant conditionne le règlement du dossier du terrorisme par la neutralisation de son corollaire idéologique : l'islamisme et sa nébuleuse intégriste. « C'est une erreur que de négocier avec des politiques qui ont transformé un vivier de chômeurs en fous de haine. »

En outre, M. Ghozali a critiqué le tapage médiatique fait autour de sommets « sans importance » auxquels a pris part le Président de la République. A propos de la scène politique actuelle, l'orateur soutient que « l'interdiction faite à l'opposition de s'exprimer dans les médias publics est la preuve que le pouvoir se prend pour pharaon en proclamant : je suis votre Dieu suprême ». Cela, selon le conférencier, sous le prétexte fallacieux que l'opposition pense autrement que le pouvoir.

La constitution du nouveau gouvernement est qualifiée, par ailleurs, d'« équipe incohérente », par S.A. Ghozali tout en rappelant que le Président a maintes fois réitéré son souhait de se réapproprier les attributs de chef de gouvernement d'avant la Constitution de 1989.

« Ce qui minimisera un peu plus le rôle du chef du gouvernement », soutient-il.

L'intervenant soulèvera les problèmes de la corruption qu'il faut traiter sans verser dans les opérations d'assainissement et d'épuration qui finissent toujours par n'atteindre que les bons gestionnaires », en donnant en exemple le dossier des 2 000 cadres incarcérés dont certains ont été acquittés.

« Mais j'aurais aimé que la justice aille plus loin pour juger les vrais auteurs de cette affaire », déclare-t-il.

En abordant l'état organique de son parti, Ghozali affirme que le congrès constitutif se tiendra au mois de juillet avec des représentants de 25 wilayas, une condition exigée par la loi sur les associations à caractère politique.

Ben Salah Djaafar
Le Matin N2397 dimanche 16 janvier 2000

fr.wikipedia.org - Sid Ahmed Ghozali